08h50 Paprika fait route lentement sur son seul moteur bâbord en direction de l’écluse 49 « La Craie » dans l’espoir de rejoindre la flottille. Les réparations effectuées la veille vont-elles enfin permettre à l’équipage de naviguer sereinement ? A peine un quart plus tard le moteur revendique à nouveau et le fait savoir à grand renfort de décibels stridents. Pas question d’insister le pilote stoppe le réfractaire et passe sur le moteur tribord ! Quelques minutes plus tard force est de constater que nous n’irons pas plus loin L😞. Nous rebroussons chemin et rejoignons Plombières les Dijon pour de plus amples investigations. Le circuit de refroidissement est-il bouché par des particules des rouets remplacés antérieurement ? Non seulement les jets d’eau injectés à fortes pressions ne semblent pas être efficaces mais il s’avère que les 2 rouets à aubes remplacés la veille sont à nouveau détériorés…..
Des conseils techniques sont pris téléphoniquement auprès de Maurice notre chef mécanicien qui doit rallier Isida dans quelques jours. Malheureusement les investigations ne permettent pas d’établir un diagnostic à ce stade. Il est donc décidé d’attendre l’arrivée de Maurice et de faire contre fortune bon cœur.
Nous mettrons à profit cet arrêt technique pour faire du tourisme dans la région pour oublier, quelques temps, nos déboires.
Si nous ne pouvons aller à Pouilly en Auxois par le canal et bien nous irons par la route. Enjambant l’Ouche, le Pont Canal est un élément architectural rare en Bourgogne. Le souterrain ou voûte du canal est un tunnel-canal de 3 333 mètres construit à partir de 1775. Il relie l’Yonne à la Saône. Pendant plus de sept ans des ouvriers mineurs creusèrent ce souterrain. Pour les mariniers, il ne fallait pas moins de 10 heures pour le traverser. C’est la raison pour laquelle en 1867 il fut installé un toueur à vapeur engrené par une chaîne immergée. En 1893 il fut remplacé par un toueur électrique et le trajet fut réduit à deux heures. Une autre difficulté dut être surmontée : la voûte n’étant pas assez haute, les bateaux les moins chargés touchaient le haut de la voûte. En 1910 un bac transporteur sur lequel la péniche prenait place fut la solution. Après avoir vidé une partie de l’eau contenue dans le bac, le bateau se trouvait à un niveau suffisamment bas pour être pris en charge par le toueur.
Tunnel du Canal de Pouilly en Auxois |
Actuellement pour passer il faut abaisser le niveau de tout le bief. Notre projet de traverser ce tunnel « tombe à l’eau », les algues myriophillum en ont décidé autrement. Si Paprika est bloqué à Plombières, Isida et Carisa rebrousseront chemin à Pont d’Ouche.
Nous empruntons ensuite le chemin des écoliers. Une étape à Châteauneuf devrait contribuer à nous consoler.
L’histoire de Châteauneuf s’inscrit au Moyen Age, vers 1130, lorsque Jean de Chaudenay, seigneur local, décide de faire construire un château pour son fils cadet Jehan à quelques lieues de sa demeure. Jehan prend possession du « château neuf » (en distinction de l’ancien château de Chaudenay) en 1175. Comme le veut la coutume médiévale, il adopte le nom de sa nouvelle terre, « Castro Novo » qui devient Châteauneuf.
En surplomb de la vallée et du canal de Bourgogne, flanqué de hautes tours, avec ses logis de style gothique et ses larges fossés que traverse un pont-levis, ce chef-d’œuvre d’architecture militaire contrôle l’ancienne route ralliant Dijon à Autun. Dix seigneurs répartis sur neuf générations se succèdent durant trois siècles dans cette puissante forteresse ! Parmi eux, Philippe Pot, qui apporte à l’édifice de nombreuses modifications au cours du XVème siècle.
La plupart des bâtiments construits puis transformés du XIIème au XVIIIème siècle sont ouverts à la visite et constitue l’une des plus belles étapes parmi les châteaux à découvrir en Auxois.
Outre le château, Châteauneuf est classé parmi les 159 plus beaux villages de France. Les maisons en pierre de calcaire, typiques du XIVème au XVIIème siècle de ce petit bourg médiéval, émerveillent les touristes que nous sommes. Les monts du Morvan se dessinent au loin et la plaine de l’Auxois se déroule au rythme du canal de Bourgogne.
Pendant ce temps nos amis de Carisa et Isida glissent doucement mais sûrement sur le canal de Bourgogne, attentifs aux algues envahissantes et aux berges avares en eau…
A bord de Carisa
Texte : Brigitte - Photos : Carisa - Isida et Brigitte
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