Après une nuit paisible, devinez ce qu’il
advint : sous prétexte de marche de mise en forme pour la journée, une
petite cohorte munie de sacs divers s’éleva au-dessus du canal en route vers la
cave coopérative, pour être à ses portes dès l’ouverture. Et le retour fut
encore plus sportif, sauf pour un couple de chanceux qu’une conductrice émue
par leur accablement manifeste sous le poids du fruit des récoltes viticoles,
embarqua dans sa voiture jusqu’à nos vaisseaux. Voilà qui donne envie d’y retourner,
pas vrai ? Et bien pas tout de suite, car il est temps d’appareiller.
Les équipages commencent à être rodés au passage des
écluses dans le sens montant, donc avec les sas qui se remplissent :
- dépose d'un équipier avant l'écluse pour récupérer
les aussières 2 à 3 mètres au-dessus du bateau, et bientôt davantage dans
certaines écluses ;
- lancer des aussières, ou portage sur le fer de gaffe,
vers ledit-équipier ou équipière ;
- amarrage en double sur les bolards judicieusement
choisis et équilibrage des aussières ;
- surveillance et reprise du mou pendant que l'eau
monte assez vite, en limitant les mouvements du bateau dûment protégé des
agressions du bajoyer, un peu malmené par le violent courant de ce
"flot" puissant ;
- largage et mise en route pour gagner le bief suivant
en veillant au courant transversal sournois plus ou moins sensible des canalets
qui orientent le trop-plein du bief amont directement vers le bief aval.
Le franchissement des premières
écluses fut laborieux, non pas de notre fait, mais devant nous le skipper d’une
péniche de location n’avait pas compris qu’il faut tourner d’un quart de tour
la perche suspendue au-dessus du canal pour enclencher la procédure permettant
de rentrer dans le sas. Résultat : près de 2 heures pour le groupe des 2
premières écluses. Ce n’est à vrai dire pas si important, car nous avons décidé
de prendre notre temps.
Après une halte
méridienne de près de 2 heures au poste d’attente de l’écluse de l’Auvignon,
les 4 écluses synchronisées (et dont les séquences ont été démarrées par le
quart de tour sur la perche avant la première, puis la détection des
sorties des bateaux des sas par des capteurs placés au niveau des portes)
ouvrant la voie au pont-canal d’Agen sont franchies rapidement.
Celui-ci est toujours à
la fois beau et impressionnant avec ses 23 arches enjambant la Garonne. Ce
pont-canal de 539 mètres est le deuxième plus grand de France après celui de
Briare (662 m). La largeur de la voie d’eau est de 8,82 m, et l’on ne s’y
croise pas. Perche magique et feux tricolores régulent la circulation. Construit
de 1839 à 1847 entièrement en pierres du Quercy sous la férule de l’architecte
Jean-Baptiste de Baudre, il est mis en service en 1849, et monument historique
depuis 2003 et 2012 (car il s’étend sur 2 communes et il a fallu 2 arrêtés…).
Ce pont faillit ne jamais être achevé, car la création de la ligne de chemin de
fer entre Toulouse et Bordeaux en 1841 remet en question son intérêt
économique. Heureusement pour nous, en 1846 une loi ordonne la reprise des
travaux.
Et nous décidons de passer toute la journée du jeudi 24 à Agen. Un peu de marche et de tourisme culturel feront du bien.